Yves Saint Laurent

Publié le 5 Avril 2014

 

Yves Saint Laurent

 

réalisé par Jalil Lespert

8 janvier 2014

1h40

scénario : Jacques Fieschi, Jérémie Guez, Marie-Pierre Huster et Jalil Lespert

musique : Ibrahim Maalouf

 

 

Le film respire son histoire. Il respire l'histoire de son créateur. Il n'y a qu'à voir la première partie, dont la simplicité du récit dans le cadre étriqué des années 50 répond à la pureté des robes de la première collection dans le cadre quelque peu étouffant et classique de la maison Dior.

Leurs cœurs battent au même rythme.

Tout n'est pas parfait. Des longueurs, des esquisses un peu brouillonnes, des ruptures un peu brutales, se dessinent quelquefois. Mais elles sont souvent le reflet des vides, des colères, des absences du créateur. Du créateur, on sait finalement peu. Seulement le plus important. Le talent, le classicisme mêlé d’audace, les fulgurances. La création comme fondement de tout. Mais derrière le vernis, on trouve l’homme.

Et l'homme, on le découvre. On n’apprend pas, on vit à ses côtés, sans jugement. On constate. La création comme moteur de vie, mais jamais comme bouclier. La souffrance, les peurs, les faiblesses, le travail, la tendresse aussi. Les silences et les regards, comme dans la vie, comme pour ses robes, sont plus parlants que les longs discours. Le film est économe de mots ; ils se justifient toujours. Pas de place pour l'inutile, pour la paresse. On ne cache rien, on avance, aux côtés d'Yves et Pierre. Deux hommes, un seul amour, éternel, magnifique et magnifié. Il suffit de regards, de sourires, pour sentir qu'il existe un autre monde, celui des gens qui s'aiment. Il n'y a plus de Guillaume Gallienne et de Pierre Niney, il n'y a pas de personnages, il y a la vie, le cours d’une vie et d’une histoire d’amour, le naturel, le spontané, l’ordinaire même, dans une époque déliquescente, mouvante, sans repères et sans codes, qui s’invente et se bouleverse, jusque dans les couleurs.

Je me fiche de la vérité. Jalil Lespert a su raconter son histoire, avec ses images, son parti pris. Raconter, ou plutôt conter avec une grande sincérité. Sentimentalisme, paillettes, grandiloquence s'abstenir : ce sont dans les silences, les bruits du dehors et la musique que se goûtent les fragilités, l'envers, la réalité des hommes. On ne peut pas tout aimer dans leur réalité, comme on ne s'aime jamais complètement, comme on aime jamais les autres complètement. Mais on ressent, on tente de comprendre. On suit la musique, sublime et parfaite, et la mer jusqu'à nos yeux se fraye un chemin. Bouleversé par cette constante recherche de paix, de beauté, d’amour, de sens.

Yves Saint Laurent
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Rédigé par Captain Mel

Publié dans #Cinéma

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